lundi 7 septembre 2009

Intervention de Jean-Yves Lalanne - Maire de Billère






La France a toujours été une terre d’accueil, une terre d’asile, au carrefour géographique et historique des grands flux migratoires qui ont forgé notre identité nationale. Nous portons en nous ce brassage, ce métissage qui fait la richesse de notre nation. Ce sont les déséquilibres entre les pays, les guerres aux portes de l’Europe, les discriminations et les persécutions qui chassent des familles entières de leur foyer, des familles qui nous ressemblent, pères, mères et leurs enfants. Construire des murs ne résoud rien et conduit à la désespérance.


Les familles que nous soutenons sont en situation irrégulière, parce qu'elles n'ont pas obtenu les papiers nécessaires, mais elles sont intégrées. Elles sont ici avec leurs enfants, souvent nés en France, scolarisés et bien intégrés. Ce ne sont ni des délinquants, ni des trafiquants. Ils ont des formations professionnelles utiles à l’économie.



A quand une vision globale, intelligente et humaniste de la part de nos dirigeants ? Il est scandaleux que les capitaux et les marchandises aient le droit à la libre circulation, dans un contexte dé-réglementé, alors que les citoyens n’ont pas le droit de circuler librement !



Le gouvernement, pour entretenir un climat de xénophobie et de racisme, a décidé d’augmenter le nombre d’expulsés. Il est scandaleux que le ministre de l'immigration se prévale désormais de l'identité nationale pour agir au nom de notre République et de ses citoyens ! La quête aux voix extrémistes est érigée en politique et gravée dans le bronze, en notre nom !



Le coût annuel du maintien des étrangers dans les centres de rétention administrative a été chiffré par la Cour des Comptes : il s'élève pour la métropole à 190,5 millions d'euros. Chaque année, quelque 35 000 migrants en situation irrégulière, en instance d'expulsion, sont placés en rétention. Ce qui représente 5 550 euros de frais de rétention par personne et à 13 220 euros par étranger. Cet argent serait mieux utilisé pour des politiques réellement volontaristes de développement solidaire parce que ça aussi fait partie du libellé de ce ministère !



Cet argent serait mieux utilisé pour intégrer ces familles, pour lutter contre le travail clandestin et particulièrement contre la délinquance patronale qui utilise la misère des immigrés pour mieux les exploiter. La régularisation de quelques centaines de milliers de sans papiers serait même salutaire pour l’économie et les caisses de sécurité sociale.





Très tôt le matin des policiers sont envoyés pour les arrêter, parents et enfants. Nombre de fonctionnaires de police sont d'ailleurs de plus en plus mal à l'aise quand ils doivent exécuter ces arrêts brutaux, traumatisants pour parents et enfants.



Il est bien normal, juste et nécessaire, que les citoyens, les élus de la République, les réseaux de solidarité, les associations, les organisations syndicales, les politiques qui sont sensibles au respect des droits démocratiques réagissent. C’est tout simplement leur devoir.

N'oublions pas que les principes d'Egalité, de Liberté et de Fraternité, sont inscits dans notre Constitution
N'oublions pas que nous sommes le pays qui a proclamé la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, inspiratrice de la Convention Européenne des Droits de l'Homme et de Sauvegarde des Libertés Fondamentales.
A quelques semaines de fêter les 20 ans de la Convention Internationale des Droits de l'Enfant, le père de Chama, 5 ans et demi, est menotté sous les yeux de son fils et mis en prison. Au mépris de l'intérêt supérieur de l'enfant et de son droit de vivre en famille. Au mépris donc des articles 2 et 3-1 de cette convention signée par la France.

En toute circonstance, le droit des individus est inaliénable.





En cette rentrée scolaire, nous refusons que des enfants soient expulsés et que nos gamins ne retrouvent qu'une chaise vide à la place de leur petit camarade Albin, Miranda ou Arman.

A l’occasion d’un précédent rassemblement dans la salle du conseil municipal de Pau, j’avais proposé que nous combattions l’oubli, que nous entretenions la mémoire des familles expulsées en réalisant « un mémorial des expulsés ». Cette proposition avait été plébiscitée et souhaitée par les acteurs de l’ensemble des réseaux de solidarité. Nous la réalisons aujourd’hui en ayant aussi une pensée pour un de ces militants, Jean-Marie Mong, optimiste, généreux, solidaire comme vous tous.





Nous inaugurons aujourd’hui ce mur des expulsés. C’est un acte d’espoir, un devoir de mémoire. Cette fresque est désormais là pour rappeler ces enfants et ces familles expulsés, pour effacer notre honte qu’un gouvernement mène cette politique au nom de notre république. Nous affirmons ainsi que nous sommes les plus nombreux à dire plus jamais ça et nous ne donnons pas le droit de bafouer nos valeurs fondamentales.



Alors mes amis continuons à organiser des parrainages républicains, continuons à informer pour que nous soyons de plus en plus nombreux à prendre conscience. Accueillez des films, des expositions, des témoignages.



Nous lançons un appel solennel, notamment à tous les maires, pour que d'autres fresques apparaissent sur les murs des communes de France.



Merci à tous







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