

Les familles que nous soutenons sont en situation irrégulière, parce qu'elles n'ont pas obtenu les papiers nécessaires, mais elles sont intégrées. Elles sont ici avec leurs enfants, souvent nés en France, scolarisés et bien intégrés. Ce ne sont ni des délinquants, ni des trafiquants. Ils ont des formations professionnelles utiles à l’économie.
A quand une vision globale, intelligente et humaniste de la part de nos dirigeants ? Il est scandaleux que les capitaux et les marchandises aient le droit à la libre circulation, dans un contexte dé-réglementé, alors que les citoyens n’ont pas le droit de circuler librement !
Le gouvernement, pour entretenir un climat de xénophobie et de racisme, a décidé d’augmenter le nombre d’expulsés. Il est scandaleux que le ministre de l'immigration se prévale désormais de l'identité nationale pour agir au nom de notre République et de ses citoyens ! La quête aux voix extrémistes est érigée en politique et gravée dans le bronze, en notre nom !
Le coût annuel du maintien des étrangers dans les centres de rétention administrative a été chiffré par la Cour des Comptes : il s'élève pour la métropole à 190,5 millions d'euros. Chaque année, quelque 35 000 migrants en situation irrégulière, en instance d'expulsion, sont placés en rétention. Ce qui représente 5 550 euros de frais de rétention par personne et à 13 220 euros par étranger. Cet argent serait mieux utilisé pour des politiques réellement volontaristes de développement solidaire parce que ça aussi fait partie du libellé de ce ministère !
Cet argent serait mieux utilisé pour intégrer ces familles, pour lutter contre le travail clandestin et particulièrement contre la délinquance patronale qui utilise la misère des immigrés pour mieux les exploiter. La régularisation de quelques centaines de milliers de sans papiers serait même salutaire pour l’économie et les caisses de sécurité sociale.
Très tôt le matin des policiers sont envoyés pour les arrêter, parents et enfants. Nombre de fonctionnaires de police sont d'ailleurs de plus en plus mal à l'aise quand ils doivent exécuter ces arrêts brutaux, traumatisants pour parents et enfants.
Il est bien normal, juste et nécessaire, que les citoyens, les élus de la République, les réseaux de solidarité, les associations, les organisations syndicales, les politiques qui sont sensibles au respect des droits démocratiques réagissent. C’est tout simplement leur devoir.
N'oublions pas que les principes d'Egalité, de Liberté et de Fraternité, sont inscits dans notre ConstitutionEn cette rentrée scolaire, nous refusons que des enfants soient expulsés et que nos gamins ne retrouvent qu'une chaise vide à la place de leur petit camarade Albin, Miranda ou Arman.
A l’occasion d’un précédent rassemblement dans la salle du conseil municipal de Pau, j’avais proposé que nous combattions l’oubli, que nous entretenions la mémoire des familles expulsées en réalisant « un mémorial des expulsés ». Cette proposition avait été plébiscitée et souhaitée par les acteurs de l’ensemble des réseaux de solidarité. Nous la réalisons aujourd’hui en ayant aussi une pensée pour un de ces militants, Jean-Marie Mong, optimiste, généreux, solidaire comme vous tous.Nous inaugurons aujourd’hui ce mur des expulsés. C’est un acte d’espoir, un devoir de mémoire. Cette fresque est désormais là pour rappeler ces enfants et ces familles expulsés, pour effacer notre honte qu’un gouvernement mène cette politique au nom de notre république. Nous affirmons ainsi que nous sommes les plus nombreux à dire plus jamais ça et nous ne donnons pas le droit de bafouer nos valeurs fondamentales.
Alors mes amis continuons à organiser des parrainages républicains, continuons à informer pour que nous soyons de plus en plus nombreux à prendre conscience. Accueillez des films, des expositions, des témoignages.
Nous lançons un appel solennel, notamment à tous les maires, pour que d'autres fresques apparaissent sur les murs des communes de France.
Merci à tous
Le 18 novembre 2004, la police aux frontières entre dans le collège Jeanne d’Albret à Pau pour arrêter un jeune Etranger mineur. Son crime ? Il a fui une situation difficile dans son pays. Ses papiers ne sont pas en règle.
De ce jour date la mise en œuvre d’une solidarité collective dans le département. Des citoyens membres d’organisations syndicales, d’associations diverses mettent en œuvre la résistance à une situation qu’ils ressentent comme inacceptable. Le Réseau Education Sans Frontières des Pyrénées-Atlantiques est né.
Avant la cruelle aventure imposée à Samuel, la communauté enseignante était déjà intervenue, soutenue par ses organisations syndicales, pour venir en aide à des jeunes filles, des jeunes garçons tchétchènes, ouzbèks, marocains, etc., dont la scolarité était menacée.
Au cours des mois, les lois ont été durcies. Leur contenu xénophobe s’est accentué. L’Etranger, tous les Etrangers sont devenus suspects.
N’oublions jamais que tout cela se fait en notre nom !
Le peuple français, divers et composite, avait conquis avec les Lumières, les luttes sociales, la Résistance, la mise en œuvre de la valeur de solidarité populaire. Les idéologues de la présidence de la République s’évertuent à organiser la division, l’individualisme, à diffuser le poison xénophobe.
Et pourtant ! Le 9 juin 2006, l’ancien secrétaire de l’ONU, Kofi Annan, écrivait ces phrases : « certes, il est indéniable que les migrations ont des aspects négatifs. Même si, paradoxalement, les pires d’entre eux résultent des efforts que l’on fait pour en maîtriser le flux. Ce sont les immigrés illégaux ou sans papiers qui sont le plus exposés aux agissements des passeurs, trafiquants et exploiteurs de toute sorte. »
Parmi ces sans-papiers, des familles. Des familles en danger quotidien. Danger physique d’être arrêtés, enfermés, expulsés, renvoyés à la misère ou à la mort.
Danger sanitaire dû au harcèlement, à la torture quotidienne de la peur de l’instant d’après, de la terreur de la minute suivante qui peut voir basculer une vie en reconstruction, l’avenir des enfants ; la honte d’être humiliés devant eux.
Lorsque la mise en danger de ces familles s’est aggravée, de nouvelles voix se sont élevées, diverses comme notre société, Eglises, syndicats, partis, associations. D’autres présences actives se sont manifestées. D’autres remparts se sont constitués, en particulier les comités de soutien créés par des parents d’élèves et des enseignants.
Nous ne nous faisons pas d’illusion sur la perfection de notre action : le gouvernement s’est félicité d’annoncer l’expulsion de 17 350 Etrangers depuis le 1er janvier. Plusieurs centaines ont été, sont quotidiennement arrêtés dans notre département frontière. Une présence policière quotidienne rend les voyages par le train désagréables ou périlleux dans notre département.
Mais nous faisons ce que nous pouvons et parvenons à limiter les dégâts. Nous continuerons.
Cette fresque évoque les drames quotidiens et trop nombreux. Qu’elle serve à ce que ces crimes contre la solidarité ne soient pas inconnus.
Les enfants qui vivent chez nous, quelle que soit la nationalité de leurs parents, sont l’avenir de notre société.
Les enfants qui vivent chez nous, quelle que soit la situation administrative de leurs parents, sont notre avenir.
Leurs parents ont choisi notre pays, qui est devenu le leur. Leurs cultures et leur travail en feront une partie importante de la richesse de notre nation.
Ils se souviendront que de nombreux citoyens ont refusé la division, l’exclusion, la xénophobie. Ils auront appris que la solidarité existe. Ils auront connu concrètement la devise de notre pays avant de la lire dans les livres et au fronton des bâtiments publics.
Que cessent donc ces campagnes indignes qui font de certains enfants et de leurs parents une menace pour la France ! Ils sont une chance !
Tous ici, nous partageons ces valeurs fraternelles et de lutte pour la justice. RESF, les comités, nombre d’entre vous, avons prouvé que la fraternité existe, que la solidarité n’est pas une délinquance. Ensemble, nous résistons à ce que nous n’acceptons pas et qui se fait en notre nom.
Il y a 20 ans, le 9 novembre 2009, la France signait des engagements internationaux. Nous voulons que la Convention Internationale des Droits de l’Enfant soit respectée dans la lettre et dans l’esprit.
Le premier des droits de l’enfant n’est-il pas de vivre en paix dans un monde protecteur ?
C’est pourquoi, chers amis, mes camarades de lutte, c’est nous tous, ensemble, qui portons et porterons dans toute leur signification les idéaux de notre pays : liberté de vivre en paix, égalité des hommes quels qu’ils soient, fraternité active, en particulier pour les plus démunis et les plus exploités.
Que cette cérémonie soit l’occasion de réaffirmer notre volonté de refuser l’inacceptable et de lutter, nombreux, pour un monde amical.