vendredi 11 septembre 2009

APPEL AUX AUTRES COMMUNES - LES FRESQUES DOIVENT SE REPANDRE




A la fin de son intervention le Maire de Billère en appelle aux autres communes de France et de Navarre : que d'autres fresques apparaissent, petites ou grandes, sur des murs ou d'autres supports. Montrons que nous sommes nombreux à demander le respect des Droits de l'Homme, des Droits de l'Enfant et des fondamentaux de notre République : la Liberté, l'Egalité et la Fraternité.















La FCPE lance un appel

Il faut que cela cesse ! - 7 septembre 2009 :
La FCPE exige:
- l’arrêt des placements en rétention des familles et des enfants,
- le retour des pères et la possibilité pour chaque enfant de vivre en famille, dans la sécurité, dans ce pays où il va à l’Ecole, où ses parents travaillent, où leur vie s’est construite,
- la régularisation des jeunes majeurs scolarisés et des parents d’enfants scolarisés.

Près d’une vingtaine d’enfants ont été placés en centre de rétention administrative avec un ou deux de leurs parents sans papiers depuis le 20 juillet 2009. Certains y sont même restés plus de deux semaines.
Pour l’une de ces enfants, Zandale, 8 ans, les portes du CRA se sont ouvertes pour l’expulser avec son père en Albanie, un pays où elle n’avait jamais été scolarisée. Deux de ces enfants sont toujours retenus, ils n’ont pas fait la rentrée.
Parmi les enfants libérés, certains se cachent et n’ont pas fait non plus la rentrée. D’autres enfants, bien plus nombreux, ont vécu pendant les vacances l’arrestation, la mise en rétention et la menace d’expulsion de leur père, qui a parfois été effectivement expulsé. Leur famille est démembrée, le plus souvent laissée sans ressources.

Ces pratiques atteignent l’ensemble de la communauté éducative : nous ne pouvons pas, nous ne voulons pas ignorer les chaises vides dans les classes, le traumatisme vécu par ces enfants, la souffrance muette de ceux dont le père a été banni, la terreur quotidienne des enfants qui viennent chaque jour à l’école sans savoir s’ils retrouveront leurs parents le soir.

L’éducation est un droit ! Le respecter est un devoir, particulièrement en ce vingtième anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant.

lundi 7 septembre 2009

Intervention de Jean-Yves Lalanne - Maire de Billère






La France a toujours été une terre d’accueil, une terre d’asile, au carrefour géographique et historique des grands flux migratoires qui ont forgé notre identité nationale. Nous portons en nous ce brassage, ce métissage qui fait la richesse de notre nation. Ce sont les déséquilibres entre les pays, les guerres aux portes de l’Europe, les discriminations et les persécutions qui chassent des familles entières de leur foyer, des familles qui nous ressemblent, pères, mères et leurs enfants. Construire des murs ne résoud rien et conduit à la désespérance.


Les familles que nous soutenons sont en situation irrégulière, parce qu'elles n'ont pas obtenu les papiers nécessaires, mais elles sont intégrées. Elles sont ici avec leurs enfants, souvent nés en France, scolarisés et bien intégrés. Ce ne sont ni des délinquants, ni des trafiquants. Ils ont des formations professionnelles utiles à l’économie.



A quand une vision globale, intelligente et humaniste de la part de nos dirigeants ? Il est scandaleux que les capitaux et les marchandises aient le droit à la libre circulation, dans un contexte dé-réglementé, alors que les citoyens n’ont pas le droit de circuler librement !



Le gouvernement, pour entretenir un climat de xénophobie et de racisme, a décidé d’augmenter le nombre d’expulsés. Il est scandaleux que le ministre de l'immigration se prévale désormais de l'identité nationale pour agir au nom de notre République et de ses citoyens ! La quête aux voix extrémistes est érigée en politique et gravée dans le bronze, en notre nom !



Le coût annuel du maintien des étrangers dans les centres de rétention administrative a été chiffré par la Cour des Comptes : il s'élève pour la métropole à 190,5 millions d'euros. Chaque année, quelque 35 000 migrants en situation irrégulière, en instance d'expulsion, sont placés en rétention. Ce qui représente 5 550 euros de frais de rétention par personne et à 13 220 euros par étranger. Cet argent serait mieux utilisé pour des politiques réellement volontaristes de développement solidaire parce que ça aussi fait partie du libellé de ce ministère !



Cet argent serait mieux utilisé pour intégrer ces familles, pour lutter contre le travail clandestin et particulièrement contre la délinquance patronale qui utilise la misère des immigrés pour mieux les exploiter. La régularisation de quelques centaines de milliers de sans papiers serait même salutaire pour l’économie et les caisses de sécurité sociale.





Très tôt le matin des policiers sont envoyés pour les arrêter, parents et enfants. Nombre de fonctionnaires de police sont d'ailleurs de plus en plus mal à l'aise quand ils doivent exécuter ces arrêts brutaux, traumatisants pour parents et enfants.



Il est bien normal, juste et nécessaire, que les citoyens, les élus de la République, les réseaux de solidarité, les associations, les organisations syndicales, les politiques qui sont sensibles au respect des droits démocratiques réagissent. C’est tout simplement leur devoir.

N'oublions pas que les principes d'Egalité, de Liberté et de Fraternité, sont inscits dans notre Constitution
N'oublions pas que nous sommes le pays qui a proclamé la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, inspiratrice de la Convention Européenne des Droits de l'Homme et de Sauvegarde des Libertés Fondamentales.
A quelques semaines de fêter les 20 ans de la Convention Internationale des Droits de l'Enfant, le père de Chama, 5 ans et demi, est menotté sous les yeux de son fils et mis en prison. Au mépris de l'intérêt supérieur de l'enfant et de son droit de vivre en famille. Au mépris donc des articles 2 et 3-1 de cette convention signée par la France.

En toute circonstance, le droit des individus est inaliénable.





En cette rentrée scolaire, nous refusons que des enfants soient expulsés et que nos gamins ne retrouvent qu'une chaise vide à la place de leur petit camarade Albin, Miranda ou Arman.

A l’occasion d’un précédent rassemblement dans la salle du conseil municipal de Pau, j’avais proposé que nous combattions l’oubli, que nous entretenions la mémoire des familles expulsées en réalisant « un mémorial des expulsés ». Cette proposition avait été plébiscitée et souhaitée par les acteurs de l’ensemble des réseaux de solidarité. Nous la réalisons aujourd’hui en ayant aussi une pensée pour un de ces militants, Jean-Marie Mong, optimiste, généreux, solidaire comme vous tous.





Nous inaugurons aujourd’hui ce mur des expulsés. C’est un acte d’espoir, un devoir de mémoire. Cette fresque est désormais là pour rappeler ces enfants et ces familles expulsés, pour effacer notre honte qu’un gouvernement mène cette politique au nom de notre république. Nous affirmons ainsi que nous sommes les plus nombreux à dire plus jamais ça et nous ne donnons pas le droit de bafouer nos valeurs fondamentales.



Alors mes amis continuons à organiser des parrainages républicains, continuons à informer pour que nous soyons de plus en plus nombreux à prendre conscience. Accueillez des films, des expositions, des témoignages.



Nous lançons un appel solennel, notamment à tous les maires, pour que d'autres fresques apparaissent sur les murs des communes de France.



Merci à tous







Edito de Martine LIgnières-Cassou


Une fresque symbole d'humanisme.


Samedi 5 septembre à l'invitation du maire de Billère j'ai pris part à l'inauguration d'une fresque murale en mémoire des familles de réfugiés politiques expulsés de France vers des pays où leur sécurité est menacée.


Au-delà de nos différences, au-delà de nos organisations ou de nos fonctions, avant toute chose nous sommes des citoyens. Avant toute chose nous sommes des êtres humains.


L'inauguration de cette fresque a été l'occasion de manifester, élus, associatifs, citoyens, notre soutien et notre solidarité à l'égard de ces familles Abrahamian, Rrusta, Seylejmany et tant d'autres, trop d'autres, forcées de quitter le territoire français dans des conditions atroces.
C'est encore pire lorsqu'il s'agit d'enfants, de personnes fragiles à qui la République devrait au contraire apporter son assistance et donner les moyens de bâtir leur vie.


Mais il n'y a pas que des réfugiés. Combien de vies brisées par la machine administrative et l'infernale logique des chiffres ! Je pense par exemple à Sitti, Liouize, Irradatie, ces trois jeunes filles étudiantes à Pau sont actuellement expulsables vers les Comores, un pays qu'elles ont quitté à l'âge de deux ans et où elles n'ont aucune attache.


J'ai à plusieurs reprise eu l'occasion d'interpeller le préfet, le gouvernement, le Président de la République sur ces situations humaines dramatiques. Mais rien n'y a fait. A chaque fois les évènements s'enchaînent et il est déjà trop tard.


Alors il est important de marquer solennellement notre indignation et notre refus de ces pratiques qui n'ont pas leur place dans notre Etat de droit. Car la parole publique ne suffit pas mais elle est importante. Voilà pourquoi nous nous sommes réunis : pour exprimer notre humanité et pour marquer notre soutien à ces familles.


Des activistes d'extrême droite ont tenté de perturber cette cérémonie. Je suis consternée et inquiète de cette résurgence de haine. Mais malgré ces manifestations de xénophobie et de repli sur soi, je maintiens le cap. Ce n'est pas ce que je veux retenir de cette cérémonie qui a eu lieu dans le respect dans l'humanité.


Nous n'oublions pas ces familles. N'oublions pas non plus les autres. Cette fresque nous rappelle leurs destins. Leur souvenir est inscrit dans notre mémoire comme il est inscrit sur ce mur.
Cette fresque nous rappelle notre devoir de résistante et d'humanité.


Je la vois aussi comme un témoignage de l'engagement de ceux qui se battent pour un monde un peu plus humain.


A ce titre, je salue la mémoire de Jean-Marie Mong, président du comité Gaston Phoebus qui nous a quitté récemment.


Nous poursuivrons son combat.


Nous gardons intact notre indignation.


Nous gardons intacte notre envie de changer, ensemble, les choses.


Intervention d'Isabelle Larrouy - RESF 64


Le 18 novembre 2004, la police aux frontières entre dans le collège Jeanne d’Albret à Pau pour arrêter un jeune Etranger mineur. Son crime ? Il a fui une situation difficile dans son pays. Ses papiers ne sont pas en règle.


De ce jour date la mise en œuvre d’une solidarité collective dans le département. Des citoyens membres d’organisations syndicales, d’associations diverses mettent en œuvre la résistance à une situation qu’ils ressentent comme inacceptable. Le Réseau Education Sans Frontières des Pyrénées-Atlantiques est né.


Avant la cruelle aventure imposée à Samuel, la communauté enseignante était déjà intervenue, soutenue par ses organisations syndicales, pour venir en aide à des jeunes filles, des jeunes garçons tchétchènes, ouzbèks, marocains, etc., dont la scolarité était menacée.


Au cours des mois, les lois ont été durcies. Leur contenu xénophobe s’est accentué. L’Etranger, tous les Etrangers sont devenus suspects.


N’oublions jamais que tout cela se fait en notre nom !


Le peuple français, divers et composite, avait conquis avec les Lumières, les luttes sociales, la Résistance, la mise en œuvre de la valeur de solidarité populaire. Les idéologues de la présidence de la République s’évertuent à organiser la division, l’individualisme, à diffuser le poison xénophobe.


Et pourtant ! Le 9 juin 2006, l’ancien secrétaire de l’ONU, Kofi Annan, écrivait ces phrases : « certes, il est indéniable que les migrations ont des aspects négatifs. Même si, paradoxalement, les pires d’entre eux résultent des efforts que l’on fait pour en maîtriser le flux. Ce sont les immigrés illégaux ou sans papiers qui sont le plus exposés aux agissements des passeurs, trafiquants et exploiteurs de toute sorte. »


Parmi ces sans-papiers, des familles. Des familles en danger quotidien. Danger physique d’être arrêtés, enfermés, expulsés, renvoyés à la misère ou à la mort.


Danger sanitaire dû au harcèlement, à la torture quotidienne de la peur de l’instant d’après, de la terreur de la minute suivante qui peut voir basculer une vie en reconstruction, l’avenir des enfants ; la honte d’être humiliés devant eux.


Lorsque la mise en danger de ces familles s’est aggravée, de nouvelles voix se sont élevées, diverses comme notre société, Eglises, syndicats, partis, associations. D’autres présences actives se sont manifestées. D’autres remparts se sont constitués, en particulier les comités de soutien créés par des parents d’élèves et des enseignants.


Nous ne nous faisons pas d’illusion sur la perfection de notre action : le gouvernement s’est félicité d’annoncer l’expulsion de 17 350 Etrangers depuis le 1er janvier. Plusieurs centaines ont été, sont quotidiennement arrêtés dans notre département frontière. Une présence policière quotidienne rend les voyages par le train désagréables ou périlleux dans notre département.


Mais nous faisons ce que nous pouvons et parvenons à limiter les dégâts. Nous continuerons.


Cette fresque évoque les drames quotidiens et trop nombreux. Qu’elle serve à ce que ces crimes contre la solidarité ne soient pas inconnus.


Les enfants qui vivent chez nous, quelle que soit la nationalité de leurs parents, sont l’avenir de notre société.


Les enfants qui vivent chez nous, quelle que soit la situation administrative de leurs parents, sont notre avenir.


Leurs parents ont choisi notre pays, qui est devenu le leur. Leurs cultures et leur travail en feront une partie importante de la richesse de notre nation.


Ils se souviendront que de nombreux citoyens ont refusé la division, l’exclusion, la xénophobie. Ils auront appris que la solidarité existe. Ils auront connu concrètement la devise de notre pays avant de la lire dans les livres et au fronton des bâtiments publics.


Que cessent donc ces campagnes indignes qui font de certains enfants et de leurs parents une menace pour la France ! Ils sont une chance !


Tous ici, nous partageons ces valeurs fraternelles et de lutte pour la justice. RESF, les comités, nombre d’entre vous, avons prouvé que la fraternité existe, que la solidarité n’est pas une délinquance. Ensemble, nous résistons à ce que nous n’acceptons pas et qui se fait en notre nom.


Il y a 20 ans, le 9 novembre 2009, la France signait des engagements internationaux. Nous voulons que la Convention Internationale des Droits de l’Enfant soit respectée dans la lettre et dans l’esprit.


Le premier des droits de l’enfant n’est-il pas de vivre en paix dans un monde protecteur ?


C’est pourquoi, chers amis, mes camarades de lutte, c’est nous tous, ensemble, qui portons et porterons dans toute leur signification les idéaux de notre pays : liberté de vivre en paix, égalité des hommes quels qu’ils soient, fraternité active, en particulier pour les plus démunis et les plus exploités.


Que cette cérémonie soit l’occasion de réaffirmer notre volonté de refuser l’inacceptable et de lutter, nombreux, pour un monde amical.